Laurent MALLET
Compositeur, organiste, claveciniste et chanteur
"O Gloriosissimi"
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Antienne d'Hildegarde Von Bingen (1098-1179) ; mise en polyphonie de Laurent Mallet
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Pour le spectacle de l'ensemble Vox in Rama crée en 2017 et consacré à la célèbre abbesse rhénane, j'ai été sollicité pour mettre en polyphonie une de ses compositions. La mélodie est notée en neumes sur portée, comme il est fréquemment d'usage au XIIe siècle.
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Le texte latin de la pièce est à la fois une louange mystique et une déploration de la chute de Lucifer, ce qu'Hildegarde va traduire musicalement par une audace inouïe à son époque : commencée en mode de mi, la pièce bascule subitement en mode de ré (et "perd" donc un degré) lorsque le récit de la chute commence pour ne remonter sur le mode initial qu'avec les toutes dernières notes de la pièce.
Il était ainsi particulièrement intéressant d'exploiter le double champs de résonance sonore de ces deux modes (extension sonore à partir de la triple quinte "ré-la-mi-si")
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La mise en polyphonie de la pièce respecte intégralement la mélodie de l'antienne ainsi que sa souplesse de mouvement. Nous avons donc conservé la notation semi-neumatique encore en usage à l'époque (voir arrière-plan de la page d'accueil du site)
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Voici la traduction française du texte latin :
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"O lumière vivante ! Anges très glorieux qui au-dessous de la divinité observez les yeux divins dans l'obscurité mystique de toute la création dans d'ardents désirs, et dont jamais vous ne pouvez vous rassasier !
Ah quelles joies a votre forme glorieuse, qui en vous est intacte de toute l'oeuvre perverse qui est née en premier chez votre compagnon, l'ange perdu, qui a voulu voler au-dessus du pinacle caché à l'intérieur de Dieu !
C'est pourquoi le pervers a lui-même été englouti dans sa ruine !
Mais l'instrument de sa propre chute, c'est en donnant conseil à la créature du doigt de Dieu qu'il la construit"
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Copyright traduction : Vox in Rama
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Victimae paschali laudes
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"A la Victime pascale, les chrétiens offrent un sacrifice de louanges"
Déclamation polyphonique libre pour ensemble vocal mixte à 5 voix (effectif minimum : 8 chanteurs)
Durée : 5 minutes 30 environ.
A l'exception de deux passages plus libres, la célèbre mélodie de la Séquence de Pâques - abondamment utilisée depuis huit siècles par les compositeurs - est intégralement conservée et reste donc aisément reconnaissable à l'oreille malgré la densité de la trame polyphonique.
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Le texte de la Séquence est sans doute l'un des plus marquants de l'hymnologie médiévale et nous tenions à ce que sa puissance charge mémorielle irrigue au mieux l'oeuvre. La scène de Marie-Madeleine revenant du tombeau vide et interrogée par les disciples du Christ ( fin de l'extrait sonore ci-dessus) est particulièrement impressionnante et permet de structurer l'oeuvre en deux volets distincts.
Distribution des voix :
- Superius (divisibles)
- Altus (divisibles)
- Tenor
- Quintus [baryton]
- Bassus (divisibles)
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Magnificat
Version polyphonique à 6 voix (soprano, Mezzo, alto ; Ténor, baryton, basse) sur le texte latin.
Durée, environ 9 minutes.
Effectif conseillé : deux à trois chanteurs par pupitres.
Il est cependant possible de chanter la pièce à 6 solistes.
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La pièce déclame et commente l'intégralité du texte latin. Après une discrète évocation de l'intonation grégorienne du ton VII, le déroulement mélodique est complètement libre. L'antienne ne réapparaît que tardivement, d'abord de manière fugace dans le "Suscepit Israël " puis à découvert dans la doxologie terminale. Le discours oscille entre dialogues antiphonés et progressions polyphoniques denses. La texture harmonique relève d'une modalité offrant des structures diatoniques élargies.
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